Avec un premier tome couronné en 2018 par le prix Julia-Verlanger et
un grand prix de l’Imaginaire remporté pour les deux premiers
tomes en 2019, le cycle de Syffe a clairement marqué les esprits des
amateurs francophones de fantasy. Pour preuve, la jolie file d’attente à la librairie l’Atalante pour la sortie du troisième
tome sorti cette année. Sept sont prévus au total, et si ce
chiffre, ainsi que l’épaisseur impressionnante des romans, peut
rebuter un peu, l’auteur nous rassure déjà sur un point :
hors de question de R.R. Martinisé. Cette crainte chassée, reste à
savoir ce que vaut déjà le début de ce cycle.
Syffe est un orphelin d’un peu moins de huit ans qui grandit en compagnie d’autres orphelins à la ferme de la veuve Tarron, plus ou moins forcée de prendre en charge ces enfants, même si elle n’y met pas forcément de mauvaise volonté. « Je crois que nous étions heureux », nous dit Syffe, et les jours s’écoulent tranquillement pour ces jeunes enfants déjà malmenés par la vie. Mais très vite, le monde rattrape Syffe : outre les évènements politiques qui se mettent en branle autour d’eux avec la mort du roi, c’est la découverte d’un cadavre, puis son arrestation pour avoir volé un beignet, qui vont changer sa vie. Il deviendra tour à tour espion, apprenti d’un chirurgien, puis enfant soldat, et l’on ne partira pas dans les détails afin de ne pas trop spoiler.
Le
fait d’avoir un enfant pour personnage principal aide à guider le
lecteur dans la découverte de l’univers : c’est par ses
yeux que nous allons entrer peu à peu dans des intrigues, comprendre
ce monde qui se complexifie au fil des pages. Outre les conflits
armés entre seigneurs, on découvre aussi des magies inquiétantes,
des créatures aperçues au fond des bois, et Syffe, porté par des
rêves terriblement concrets, et parfois prémonitoires, aura sans
doute son rôle à jouer dans ce domaine. En outre, la discrimination
et le racisme, entre classes sociales ou entre peuples, sont abordés
dès le début du livre avec justesse.
Loin d’être un récit
de fantasy épique où bataillent des armées entières, ce premier
tome reste intimiste, et Syffe et son entourage en sont le centre. On
suit donc son évolution et sa sortie de l’enfance, ses relations
avec ses différents mentors, et les évènements, souvent cruels,
qui le transforment. L’enfant de poussière est clairement le début
d’une quête initiatique très personnelle, aux personnages très
attachants, et le style très fluide de l’auteur en fait un livre
qui se dévore sans problème malgré ses 618 pages. Si la qualité
se maintient au fil des tomes, ce cycle fera sans doute date dans la
fantasy francophone.
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