Voilà des siècles, les robots de Panga ont accédé à la
conscience et sont partis vivre loin des hommes, qui ne les ont plus
jamais revus.
Dex est moine de thé. Son rôle est de voyager,
avec sa roulotte, de villages en villages, afin de proposer à tous
ceux qui en ont besoin une tasse de thé, une oreille attentive,
quelques instants de repos. C’est au milieu de cette routine qu’un
malaise va se faire sentir quant au sens de sa vie, l’amenant à
s’enfoncer dans une forêt laissée au bon vouloir de la nature.
Là, c’est la rencontre avec Omphale, un robot venu prendre des
nouvelles de l’humanité. Les robots ont une question à poser :
« De quoi les humains ont-ils besoin ? »
Becky
Chambers est réputée pour ses récits qui, loin de la morosité
typique du genre, est très positive, bienveillante et tournée vers
l’humain. Un psaume pour les recyclés sauvages ne fait pas
exception à la règle — ce n’est d’ailleurs pas pour rien que
la traditionnelle dédicace en début de livre est remplacée par la
simple phrase « Pour vous qui avez besoin de souffler ».
Cette novella est en effet une véritable bouffée d’air
frais.
L’environnement
de Panga a quelque chose de très apaisant. Si elle a clairement été
industrialisée à une époque, les ruines de ce passé ont depuis
été recouvertes par la végétation et des zones entières laissées
au bon vouloir de la nature. On a clairement affaire ici à un peuple
qui a su s’arrêter avant le point de non-retour et opérer, avec
succès, un retour à la nature.
Dex étant moine, les
considérations théologiques sont évidemment présentes dans le
roman. Pourtant, elles sont loin d’être un sujet de tension dans
l’univers du livre, tout comme d’autres sujets pourtant clivants
dans tant d’autres romans : Becky Chambers nous montre une
société en paix avec elle-même, et c’est terriblement
rafraîchissant.
Il ne faut donc pas s’attendre à un
livre basé sur l’action : bien que Dex poursuit une quête
personnelle — et clairement initiatique — ce sont surtout les
dialogues qui font avancer l’histoire, ceux entre Dex, moine un peu
perdu, et Omphale, robot peu au fait des coutumes humaines et dont
l’attitude détonne donc : les réflexions sur le sens de la
vie, sur le rapport à la nature, sur la nature de l’être humain,
et aussi sur l’importance de « se laisser vivre » sans
toujours chercher à justifier son existence. « Je n’ai pas
de but, pas davantage qu’une souris, une limace ou une ronce. »
dit un jour Omphale à Dex. « Pourquoi, toi, tu aurais besoin
d’en avoir un pour te sentir en paix avec toi-même ? ».
Un
psaume pour les recyclés sauvages est une lecture dont on
ressort apaisé, sentiment assez rare dans le milieu éditorial
actuel. À noter que le livre a reçu cette année le très
prestigieux prix Hugo dans la catégorie roman court, ce qui est à
mes yeux largement mérité.
Traduction de Marie Surgers
L'Atalante
136 pages
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