Approchez, approchez ! Alors que tombe la nuit froide, laissez-moi
vous divertir avec l’histoire de Cuchulainn, celui que l’on nomme
le Chien du Forgeron ; celui qui s’est rendu dans l’Autre Monde
plus de fois qu’on ne peut le compter sur les doigts d’une main,
celui qui a repoussé à lui seul l’armée du Connacht et accompli
trop d’exploits pour qu’on les dénombre tous.
Certains
pensent sans doute déjà tout connaître du Chien, mais l’histoire
que je m’apprête à vous narrer n’est pas celle que chantent les
bardes. Elle n’est pas celle que l’on se raconte l’hiver au
coin du feu. J’en vois parmi vous qui chuchotent, qui hésitent,
qui pensent que je cherche à écorner l’image d’un grand homme.
Pourtant, vous entendrez ce soir la véritable histoire du Chien.
L’histoire derrière la légende. L’homme derrière le
mythe.
Approchez, approchez ! Venez écouter le dernier récit
d’un homme qui parle trop…
Le Chien du forgeron, c’est
l’histoire du personnage mythique de Cuchulainn, sans doute moins
connu qu’un Hercule, mais qui s’inscrit dans la même veine :
le héros est fort, viril, et voué à la gloire. Les épisodes de la
vie du personnage, de sa jeunesse en tant que Setanta à sa formation
à la cour du roi où il devient connu comme le Chien et ses hauts
faits qui suivirent, comme l’épisode de la razzia où le héros
s’illustre en battant nombre d’ennemis, les principaux épisodes
du mythe tel qu’il nous est parvenu sont retranscrits.
Néanmoins,
le mythe est ici (ré)écrit par un auteur du XXIème siècle, ce qui
occasionne un glissement de point de vue des plus intéressants. Si
l’habileté au combat du Chien n’est pas discutable, il reste un
personnage incapable de se conformer aux codes de la société dans
laquelle il évolue, et totalement détestable. Cela, l’auteur nous
le fait bien comprendre par le biais du narrateur – toute
l’histoire est narrée par un conteur, devant son public – qui ne
manque pas une occasion de dire tout le mal qu’il pense du
personnage du Chien. Se pose aussi la question de la responsabilité
de son entourage dans l’homme qu’il est devenu – sa mère qui
le glorifie dès la naissance, son oncle le roi incapable de prendre
des mesures pour le contrôler, ce qui aura des conséquences
certaines sur le royaume de paix qu’il avait instauré
jusqu’alors.
Le Chien du forgeron est clairement un roman
anti-viriliste, avec quelques traces de féminisme, et c’est ce qui
fait une grande partie de son intérêt. Le style de Camille
Leboulanger est très fluide, le livre se lit tout seul et on
n’aurait pas dit non à quelques pages supplémentaires, quelques
détails sur des épisodes passés sous silence, même si le
narrateur nous rappelle que cela n’est peut-être pas de son
ressort. Bref, un excellent roman entre historique et fantasy qui a
de bonnes chances d’être l’un des meilleurs du genre cette
année.
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Une interview de l'auteur sur le site de l'éditeur
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