Comme un île sur la
mer, j'aimerais m'enrocher à ce texte solaire baigné par une poignante
mélancolie.
Devenir
"Minérale, granitique, chateaubriandesque sur la mer, pour ne plus avoir
peur", être un caillou pour faire
quelque chose de sa vie sont des vœux pour le moins insolites.
Ils sont ceux de la
narratrice, amoureuse d'un homme qu'elle attend, la jeune femme ne se sent exister que par son
travail de serveuse dans un bar. Pourtant, elle ne s'apitoie pas sur son sort.
Au contraire, son humour lui donne matière à regarder autrement les petits
revers de la vie comme "aplatir le nez contre la vitre pour avoir un
autre degré de conscience".
Puis, il y a ce
voyage à Cala d'Orzu, en Corse du Sud où
tout l'appelle. Les habitants du village, ses nouveaux amis du café
"Chez Xavier", le paysage
du maquis où poussent arbousiers et
fenouil sauvage, la mer
limpide au pied des rochers à forme humaine. A devenir elle-même cette
roche naturelle qui ne se craquelle sous aucun vernis ni artifice.
L'image du soleil
couchant sur la pointe de Capo di Muro " cet absolu toujours déçu"
qui renvoie au manque jamais comblé est également un très beau moment de
communion intense.
Je suis profondément
admirative et subjuguée par toute la richesse inventive et singulière dans la
construction de ce roman où le besoin de s'abstraire de la réalité fait écho à la vacuité de l'existence.
C'est un texte très
fort, à la fois drôle et bouleversant, tendre et insolent. "Le
caillou" est le premier roman de
Sigolène Vinson également chroniqueuse à Charlie Hebdo.
Maintenant, je ferai
attention de ne pas retirer le petit caillou qui encombre ma chaussure.
Zakuro
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