Note préliminaire : ce billet est écrit par quelqu’un qui n'a jamais eu
entre les mains la série d’origine. Il n’y aura donc pas de
comparaison de contenu ou de qualité avec les anciens numéros.
Métal hurlant fut
un magazine publié par les Humanoïdes associés entre 1975 et 1987,
puis entre 2002 et 2004, et son nom a des allures de référence
culte pour tous ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la
science-fiction. Les plus jeunes se souviendront peut-être de la
série Métal hurlant chronicles, diffusée sur France 4 en 2012 et
constituée de 12 épisodes, chacun adaptant une histoire parue dans
le magazine. Cette nouvelle fournée, en cette année 2021, nous
parvient grâce à un financement participatif qui a crevé les plafonds.
Ce
premier numéro est consacré au near future, autrement dit à
l’anticipation proche. Le magazine est découpé en deux parties :
une série d’articles de spécialistes d’une soixantaine de
pages, et un bon gros 200 pages de BD. La répartition aurait pu
éventuellement se faire autrement : lire un paquet d’articles
portant sur des sujets aussi divers que l’architecture dans
l’anticipation, les NFT et une interview de William Gibson, tout ça
d’affilée, ce peut être un peu plombant, et alterner BD et
articles aurait peut-être pu alléger la lecture. Les articles
restent ceci dit intéressants et bien travaillés, et l’on en
sortira avec plus d’une référence mise de côté pour de futures
lectures, ou visionnages.
La partie BD contient pas moins
de 22 histoires, écrites et dessinées aussi bien par des auteurs
confirmés (on note la présence de Mathieu Bablet, auteur de Carbone
& Silicium dont on vous avait déjà parlé) que par des jeunes
auteurs. Les nouvelles sont courtes, une dizaine de pages tout au
plus, et sont quasiment toujours des histoires à chute.
Évidemment,
certaines préférences se font : pour E-ballade, de Merwan et
Sandrine Bonini, une randonnée en forêt de Rambouillet à travers
le prisme du smartphone (et ça tourne mal) ; pour Ces mains qui
nourrissent de Samia Marshy et Lee Lai, qui imagine la privatisation
des semences jusqu’au bout ; pour La vie quotidienne de Matt
Fraction et Afif Khaled, qui aborde le sujet des violences faites aux
femmes mêlé à celui de la domotique ; et pour deux histoires
très émouvantes : Replica.I, de Mark Waid et Julien Perron, où
une jeune femme incapable de faire son deuil crée une réplique
virtuelle et interactive à l’image de sa défunte mère ; et
Delete de Sergio Salma et Carole Maurel, qui aborde la possibilité
de manipuler sa mémoire pour mieux supporter le deuil d’un enfant.
Une grande diversité donc, qui est très appréciable.
On
peut néanmoins parler de qualité inégale - je suis sortie de
certaines histoires en me demandant tout simplement « Mais
qu’est-ce que je viens de lire ? » tandis que d’autres
étaient habilement menées pour un nombre de pages aussi court. Mais
c’est peut-être là uniquement une question de goût. Un tel
foisonnement d’auteurs, de thèmes et de styles différents ne peut
tout simplement pas convaincre une personne sur sa totalité, et
chacun aura forcément sa préférence, qu’elle soit visuelle ou
narrative. Les bonnes surprises restent toutefois majoritaires, et
l’ouvrage vaut par conséquent l’investissement.
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