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Le Silmarillion (nouvelle traduction) - JRR Tolkien


Silmarillion - couverture



Le Silmarillion est sans doute un peu moins connu que les deux titres phares de Tolkien – nul doute que ceux qui le connaissent au moins de nom savent qu’il est réputé difficile d’accès. S’il est effectivement moins facilement lisible, Le Silmarillion souffrait également en France d’un problème de traduction, et une nouvelle version était depuis longtemps espérée parmi les fans de l’auteur. C’est tout naturellement Daniel Lauzon qui s’y est attaqué, après avoir traduit plusieurs des volumes de L’histoire de la Terre du Milieu et avoir fourni la retraduction du Hobbit et du Seigneur des Anneaux. Retraductions d’ailleurs plus ou moins bien accueillies par les aficionados de la première, celle de Ledoux, et si le débat n’a peut-être pas lieu d’être ici, on signalera tout de même que nous avons désormais à disposition une traduction cohérente de l’ensemble des trois textes principaux de Tolkien, ce qui donne un accès vraiment facilité à l’œuvre de l’auteur.

Difficile donc, Le Silmarillion ? Il ne faut certes pas s’attendre à un second Seigneur des Anneaux. Les premiers textes du Silmarillion ont été écrits bien avant les premières pages de la fameuse trilogie – dès 1917 en fait. Tolkien y travaillera sa vie durant, parfois en le laissant en pause – notamment lors de la longue écriture du Seigneur des Anneaux – et le laissera inachevé à son fils Christopher qui publiera la version finale. Dans l’esprit de Tolkien, Le Silmarillion était pourtant indissociable du Seigneur des Anneaux – il a d’ailleurs tenté de convaincre son éditeur de publier les deux en même temps. Si Le Seigneur des Anneaux est une partie de l’histoire, Le Silmarillion est en effet sa mythologie. Beaucoup de références à ce texte sont d’ailleurs faites dans Le Seigneur des Anneaux – les chansons (notamment celle de Beren et Luthien, qui fait écho à l’histoire d’Aragorn et Arwen), les références à Elendil, aux Jours Anciens, sont nombreuses. Et l’on parle de mythologie au sens large, puisque le texte commence littéralement par la création du monde par Eru, autrement dit Dieu.
Cette création sera vite perturbée par Melkor, qui sera le grand antagoniste des deux premiers Âges du monde (à noter que Sauron est déjà présent mais n’est alors que son second). Suivent les 24 chapitres de la Quenta Silmarillion, le gros de l’histoire, où l’on voit la lutte des divinités, elfes, hommes et nains contre Melkor. Cette guerre s’étend sur une longue, très longue période ; les personnages sont nombreux, les évènements aussi, et c’est peut-être là que réside l’une des difficultés du Silmarillion : se souvenir de qui est qui, de où est tel endroit.

Après le Silmarillion vient l’histoire de la chute de Numenor, cette île qui atteint son apogée avant que son peuple, finalement corrompu, ne provoque le courroux des puissances de l’Ouest, précipitant sa disparition sous les flots. L’histoire évoquera bien sûr celle de l’Atlantide. Cette vague qui submerge toute un pan de terre était un rêve récurrent de Tolkien. C’est de cette île que vient Elendil, un ancêtre d’Aragorn.
La dernière partie, Les Anneaux de pouvoir et le Troisième Âge, décrit comment les Anneaux dont il est question dans Le Seigneur des Anneaux ont été forgés.

Vous l’aurez compris : Le Silmarillion est un ouvrage très dense, qui traite d’une longue période de l’histoire de la Terre du Milieu. Les noms de personnages et de lieux foisonnent (à noter qu’un lexique est donné en fin d’ouvrage, auquel on peut se référer en cas de doute sur l’identité d’un personnage), le récit d’abord quasi-biblique finit par se diriger vers un univers où les Puissances de l’Ouest se font plus discrètes, pour finalement quasiment disparaître lors du Troisième Âge, période où se déroulent les évènements du Hobbit et du Seigneur des Anneaux. Le style est, lui aussi, plus difficile d’accès, plus loin du roman – mais sur ce point, cette nouvelle traduction fait merveille et le texte est clairement plus fluide.
Faut-il le lire ? Sans aucun doute, pour quiconque veut approfondir sa connaissance de l’univers de l’auteur. On peut toutefois éviter de trop considérer le livre comme un roman à lire d’une traite. Si l’ouvrage vous paraît vraiment effrayant, il est à noter que trois de ses histoires ont également été publiées en livres indépendants : La chute de Gondolin et Beren et Luthien (ces deux livres contiennent différentes versions de ces récits, annotées par Christopher Tolkien) et Les enfants de Hurin (pour celui-là, le livre est réellement conçu comme un roman à lire d’une traite). Avoir ces trois lectures en bagage peut faciliter l’accès au Silmarillion, même si ce n’est pas forcément nécessaire.
Enfin, gardons à l’esprit qu’il ne s’agit pas non plus du livre le plus compliqué du monde, et que sa réputation de livre quasi-inaccessible est peut-être un peu exagérée. Le mieux est peut-être d’essayer tout simplement de se lancer – et vous pourriez être surpris de constater que ce n’est après tout pas si difficile. Quoi qu’il en soit, Le Silmarillion reste dans l’esprit de l’auteur comme dans l’esprit des fans l’oeuvre clé de Tolkien, et il serait dommage, pour quiconque s’intéresse un peu à cet univers, de ne pas au moins s’y risquer.

Enfin, sachez que cette nouvelle édition est un bel ouvrage et est agrémentée des superbes illustrations de Ted Nasmith - vous pourrez trouver quelques photos sur le site de Tolkiendil.


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